Etel, la barre à franchir!
Après des excursions plus lointaines, la rubrique escapades maritimes s’arrête sur les côtes françaises! Escale à Etel, au milieu des dunes morbihannaises.
Un port riche d’histoire
Etel est un abri naturel aussi sûr que son accès est dangereux. Logé dans sa ria, nom donné à cette « rivière maritime », il abritait au XIXème siècle une importante flottille sardinière. Suite aux crises de cette pêcherie à la fin du siècle, les professionnels locaux se tournent vers le thon. Dans les années 1930, la ville était l’un des premiers ports thoniers de l’hexagone avec 250 voiliers pour 1000 marins. Après la seconde guerre mondiale, l’activité s’est poursuivie; les chalutiers allaient jusqu’en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, le port de pêche a quasiment disparu au profit du voisin lorientais. Pourtant, des traces de ce passé glorieux subsistent : d’une part le Musée des thoniers et d’autre part un très beau cimetière de navires de pêche en bois au lieu-dit du Magouër, face à la ville d’Etel sur la rive ouest.
Quelque soit son age, se promener à marée basse dans une épave reste une expérience émouvante et amusante à la fois. Les squelettes du Magouër rappellent avec poésie, l’époque de la grande pêche.
Dangers et protections
Le nom d’Etel est invariablement attaché à la barre qui en complique l’accès. La vague qui déferle à l’entrée de la ria est une des plus dangereuse de France. C’est pour cela qu’Alain Bombard l’avait choisie en 1958 afin de démontrer les capacités de ses bateaux pneumatiques dans le domaine du sauvetage. Ce fût un échec. Il s’est retourné ainsi que le canot de la SNSM présent pour les secourir. Le bilan fût de 9 morts et cette mise en danger volontaire continue de faire débat. A l’heure où le coût des secours et les risques pris par les sauveteurs à cause de plaisanciers inconscients sont souvent discutés, cette histoire trouve un écho particulier.
La position de la barre évolue avec le déplacement des bancs de sable. Afin de signaler le danger, un dispositif original a été mis en place en 1868. Il s’agit du mât fenoux. Ce système de guidage à distance est constitué d’un grand mât et d’une flèche. Celle-ci est positionnée à la main et permet d’indiquer depuis la terre au navire approchant la direction à prendre. En croix, elle signale que la barre est infranchissable. Ce dispositif inventé par l’officier Fenoux en 1840 a également été installé à Audierne. On peut toujours demander à l’utiliser en l’absence de VHF.
Pour autant, Etel est aussi synonyme de sécurité pour le navigateur. C’est en effet le siège du CROSS Etel, en charge de la sécurité entre la pointe de Penmarc’h et la frontière espagnole. C’est sa douce voix qui annonce les bonnes et les mauvaises météos! Il est également en charge de la surveillance des pêches sur l’ensemble des eaux nationales.
La station de sauvetage surélevée est elle aussi typique des ports bretons, avec son canot prêt au lancement.
Promenades en pleine campagne
Après le port d’Etel, il est temps de remonter la ria et de profiter du deuxième charme de la région. Les 120 km de côte des communes au nord en amont (St-Cado, Locoal, etc…) offrent des paysages à la frontière entre mer et campagne. La côte basse et ses vasières est un paradis pour les kayakistes. La frontière entre eau et terre y est floue. Les parcs à huitre y sont nombreux. Par temps de brume, les petites îles semblent sortir d’ailleurs. Durant cette promenade, on ne pourra pas éviter un passage à Saint-cado, petit village entouré d’eau. Les photos de la maison qui lui fait face ont fait le tour du monde.
Enfin, parole de gourmand, on ne peut quitter les lieux sans un passage au bistrot à thon (12 des 80 recettes tournent régulièrement sur la carte). Au delà du poisson roi, on peut finir par un peu de far poêlé et d’irish coffee. On risque juste de se réveiller chez soi avec la fameuse barre d’Etel!
Pour préparer la visite :
Crédits photographiques :
Cimetière du Magouër : Alexis Courtois (CC BY-NC-ND 2.0)
Le mât Fenoux : André Mouraux (CC BY 2.0)
Etel côté terre : Groume (CC BY 2.0)
Etel est pris qui croyait prendre ! 😛
Etel est la question… Mais celle d’y aller ne se pose pas!