Self dumping barge… le déchargement express
La manutention portuaire est souvent l’opération la plus longue dans le transport maritime. Les armateurs n’ont eu de cesse de chercher des méthodes pour limiter ce temps perdu. Les canadiens ont adopté une solution radicale pour le transport du bois …
Des navires spécialisés
Dans les années 1950, le développement industriel canadien crée une forte demande de bois pour alimenter les usines de pâte à papier. Dès lors, les méthodes traditionnelles de flottage du bois sur le fleuve ne suffisent plus. Les radeaux ainsi formés n’assurent pas un approvisionnement assez rapide. De vieux navires sont convertis au transport de grumes. Cela ne suffisant toujours pas, les premiers navires spécifiques sont développés en 1954. Il s’agit de barges non motorisées, de forte capacité, à même de décharger les troncs d’arbre de manière autonome. Le débarquement de l’ensemble de la cargaison en un temps record autorise une cadence de livraison élevée.
Par la suite, les architectes ajoutent des grues embarquées pour le chargement en l’absence d’infrastructure.
En 1974, la première barge « autopropulsée auto-déchargeante » (self-dumping and self propelled barge ) est construite. Il s’agit du Haïda Monarch. Depuis, la demande ayant ralenti, sa propulsion lui a été retirée, mais elle navigue toujours sous le nom de Seaspan Survivor. On peut considérer ses caractéristiques comme typiques des log barges canadiennes
Haida Monarch
Longeur 129 m
Largeur 27 m
Creux 8.8 m
Puissance 7200 CV / Vitesse 12 noeuds
Charge utile 13 600 T / 2 grues de 50 T
Une opération spectaculaire et délicate.
Venons en à la spécificité de ces navires. Le déchargement se fait selon la procédure suivante :
Deux remorqueurs maintiennent la barge dans l’axe voulu. Les vannes et prises d’eau des ballasts sont ouvertes, les réservoirs se remplissant par gravité. Arrivé au remplissage voulu, l’eau est transférée d’un bord sur l’autre, avec précaution. La barge prend alors de la gite jusqu’à atteindre l’angle de ripage du chargement sous le simple effet de la gravité. L’angle typique se situe entre 26 et 30 degrés. Il a en général fallu quelques heures pour atteindre ce court instant où tout s’accélère… Les grumes glissent jusqu’à imprimer une vitesse transversale importante à la barge qui s’éloigne rapidement. La remorque arrière est alors lâchée afin que le navire d’assistance ne soit pas entraîné. Une fois le mouvement enclenché, les 13 000 T sont déchargées en quelques minutes.
Les troncs étant éparpillés, des petits pousseurs sont mis à l’eau depuis la barge pour les rassembler. Les vannes des ballasts sont ouvertes et ceux-ci se vident à nouveau par gravité, la barge retrouvant son assiette normale.
L’opération est délicate mais nécessite très peu d’énergie. Avec le retour du bois comme matériau durable, verra-t-on bientôt en Europe cette méthode de déchargement qui envoie du bois ?!
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Vidéos de largage sous toutes les coutures
Crédit photo : Runran
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