De la drague au dragueur, une histoire de pêcheurs?
L’été est enfin là. Les magazines légers garnissent nos plages, et avec eux les sujets de fond et les guides pratiques… Parmi ceux-là, inévitables, les précieux conseils au dragueur en herbe. Et bien, le sujet est plus maritime qu’il n’y paraît!
Le premier sens avéré du mot drague en français est selon le CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales) celui de « filet pour la pêche à la traîne ». Il apparaît dès les années 1300. La racine indo-européenne du mot drague est identique à celle de « to drag », qui signifie tirer en anglais. En effet, ce type de pêche nécessitait une force de traction très importante et a donné naissance à des bateaux à la voilure imposante. Les bisquines (voir illustrations ici) en sont un bon exemple. Par extension, le terme drague désigne aujourd’hui les racloirs et filets métalliques permettant notamment la pêche des huitres sauvages et des coquilles saint-jacques. Le pêcheur-dragueur récupère tout ce qui traîne au fond…. L’objectif reste d’assurer le remplissage du filet!
Par la suite, le verbe draguer est utilisé pour toute action consistant à racler le fond, quel qu’en soit le but. C’est ainsi que des navires ont été désigné sous le nom de drague. Ils ont pour but, par des méthodes variées, de maintenir ou augmenter la profondeur d’une rivière ou d’un chenal d’accès. Ils aspirent la vase via des pompes de grandes capacités. Pour cela, on les appelle communément des suceuses. Plus poétique, lorsque le bateau avance « en zigzag » en se tractant sur des ancres posées successivement au fond, on dit qu’il papillonne. Draguer en papillonnant, voilà une belle image! Dans tous les cas, le dragueur s’assure qu’il y ait toujours un chemin qui l’amène à bon port; le parallèle continue!
Le dragueur doit savoir encaisser les chocs et les explosions imprévues. C’est en effet le cas du dragueur de mines qui part en avant de la flotte, prenant tous les risques pour libérer le terrain. Sa structure est étudiée spécifiquement pour rester souple et ne pas se rompre suite aux ondes de choc dues aux déflagrations. Jusqu’il y a peu, il était parmi les derniers bâtiments en bois de la Marine. Il est aujourd’hui souvent en composite afin de garder cette souplesse.
Dans le domaine maritime, la drague désigne aussi un gros cordage permettant de récupérer une ancre perdue au fond.
Finissons par un petit clin d’œil à nos cousins belges: la drague est aussi l’orge cuite qui reste au fond du brassin une fois la bière cuite. Est-ce là le destin du dragueur malheureux, qui reste seul et cuit au fond une fois la bière bue?
Sources : CNRTL Projet babel Crédits photographiques (Sous licence CC-BY-SA-3.0) Drague de pêche : Jean-Pierre Bazard
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