Nagasaki, des jésuites à la bombe…
Nagasaki. Un nom que tout le monde connait et associe à des ruines. On oublie son riche passé, sa topographie singulière et sa cuisine non moins intéressante… Petit tour d’horizon
Ville ouverte dans un empire fermé
Nagasaki est une ville à part dans l’histoire japonaise. Elle est la seule ayant eu des contacts avec l’occident sans interruption depuis le XVIème siècle. Après l’arrivée des premiers portugais en 1543, les jésuites s’y installèrent en 1549. Après avoir converti de nombreux habitants, parmi lesquels plusieurs daimyos (dignitaires locaux), ils devinrent même propriétaires du port de Nagasaki et de ses environs en 1580. Suivirent 35 ans de commerce prospère durant lesquelles les portugais importèrent non seulement leurs cultures et marchandises, mais également celles de leurs colonies et comptoirs, notamment en Chine. Le prosélytisme et l’influence des chrétiens finirent par inquiéter le shogun. En 1614, la religion est interdite. De nombreuses répressions engendrèrent la fin du « siècle chrétien ». Malgré cela, Nagasaki reste le siège du christianisme japonais et dispose de plusieurs églises.
Avec l’expulsion des portugais, l’empire du soleil levant se ferme à l’étranger. Cependant, une exception perdure. Les hollandais ont réussi à s’implanter. Ils se gardent de toute action religieuse et se contentent de faire du commerce. En 1641, le Shogun leur cède l’ile artificielle de Dejima. Les hollandais restent confinés sur l’île. Jusqu’à ce que les américains forcent le blocus du Japon en 1853, cette présence sera le seul contact de l’archipel nippon avec l’étranger. La ville s’en trouve renforcée tant culturellement qu’économiquement.
Après 1853, Dejima devient le siège du Nagasaki Naval Training Centre. Les japonais entendent y former leur marins aux moyens navals modernes. La défaite infligée par les Etats-Unis à une Marine dépassée a profondément vexé les membres de la flotte nippone.
Une vie après la bombe
Le 9 aout 1945 à 11h02, un bombardier américain largue une bombe atomique sur Nagasaki. Le nuages au dessus du pôle industriel de Kitakyushu, au nord de l’ile ont condamné la ville en forçant les aviateurs à se replier sur la cible de secours. Comble de l’histoire, la bombe tombe sur l’unique cathédrale nippone alors qu’elle devait détruire le chantier naval.
Même si ce fait est essentiel dans l’histoire de la ville, il n’est pas omniprésent comme à Hiroshima. On peut s’y promener sans sentir son poids en permanence. Je conseille néanmoins vivement la visite du musée de la bombe atomique, mais ce n’est heureusement pas la seule chose à voir.
Architecture et industries tournées vers l’eau
C’est au fond d’un fjord que s’est niché le port. La topographie donne un charme certain à la ville. On peut s’y promener le long des canaux et des quais. Quelques jolis ponts en pierre agrémentent le paysage. La reconstitution de Dejima offre quelques belles maisons anciennes au bord de l’eau.
Le port de commerce est sur la rive opposée au centre ville mais structure le paysage. Le chantier naval Mitsubishi est un des plus importants au monde. Si on le connait pour la construction du tristement célèbre MOL Comfort, porte-conteneur qui s’est brisé en deux en 2013, il possède un haut niveau technique et construit actuellement en première mondiale un paquebot à lubrification par air.
En se promenant sur les quais, les amoureux de bateaux insolites pourront apprécier les reconstitutions historiques, quelque peu approximatives, faites pour promener les touristes. Cette spécialité japonaise, à la mode disney, se retrouve dans tous les lieux touristiques.
Traditions culinaires..
Après avoir crapahuté dans les rues escarpées de la ville, le touriste aura à cœur de gouter les spécialités locales… Ici encore, la gastronomie est le reflet d’une histoire cosmopolite. Au-delà des nombreux restaurants chinois du Chinatown (l’un des plus grands de l’Archipel), on retrouve deux grandes spécialités.
Le Champon est une variété locale de ramen, plat de nouilles sino-japonais. Dans une poêle, on fait frire le porc, les fruits de mer et les légumes dans du lard, puis une soupe à base d’os de poulet et de porc est ajoutée. Une variété de ramen spécifique est finalement incorporée. Après quelques jours sur Kyushu, où chaque ville prétend détenir les meilleurs ramen, Nagasaki prend largement le dessus en ajoutant les fruits de mer à la traditionnelle tranche de rôti!
Pour finir, clin d’œil aux portugais rencontrés plus haut, on pourra déguster un morceau de Castella, sorte de gâteau spongieux. Arrosé de thé, il achèvera de nourrir le marcheur le plus affamé….
Crédits photographiques :
Nagasaki Naval Training Center : Domaine public
Parc de la Paix : kmf164 (licence CC BY-SA 2.0)
Nagasaki vue d’en haut : かがみ~ (licence CC BY-NC-ND 2.0)
Champon : 663Highland (licence CC BY 2.5)
Castella : Katorisi (licence CC BY-SA 3.0)
Merci beaucoup pour ce portrait de Nagasaki, très intéressant ! Histoire, urbanisme et gastronomie, tout y est.
Un seul reproche, ce paragraphe : « En se promenant sur les quais, les amoureux de bateaux insolites pourront apprécier les reconstitutions historiques, quelque peu approximatives, faites pour promener les touristes. Cette spécialité japonaise, à la mode disney, se retrouve dans tous les lieux touristiques. »
Je comprends et partage l’avis sur cette disneyisation des sites touristiques mais je trouve le propos un peu pédant. Au plaisir de lire une nouvelle escapade maritime toutefois !
Merci Richard pour ce commentaire constructif. Il n’y a évidemment aucun mépris pour les passagers de Disney. Par contre cela pourrait donner des idées d’article sur les bateaux des dessins animés de la firme….